
Situation
L’aéroport Grenoble Alpes Isère, situé à environ 45 kilomètres au nord-ouest de Grenoble, sur la commune de Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs, est entouré de plusieurs infrastructures aéroportuaires. À moins d’une heure de route se trouvent les aéroports internationaux de Lyon-Saint-Exupéry et Chambéry, ainsi que les aéroports de Lyon-Bron et Valence-Chabeuil. La région compte également de nombreux petits aérodromes. Propriété du Département de l’Isère depuis 2002, la gestion de l’aéroport a été confiée depuis 2004 à la SEAGI, filiale de Vinci Airports, via une délégation de service public (DSP).
Activités
Son activité repose sur l’aviation générale (Enac, aéroclubs, parachutisme, avions extérieurs), l’aviation d’affaire, et en hiver, sur l’aviation commerciale (charters et vols réguliers de différentes compagnies, dont des low cost, notamment la compagnie Ryanair connue également pour offrir des conditions de travail « low cost » à ses salariés…).
Economie
Depuis plusieurs années maintenant, l’aéroport est déficitaire et peine à trouver un équilibre financier. Bien que son chiffres d’affaire soit en augmentation sur la même période et malgré les millions d’euros de subventions publiques, le résultat net reste négatif. En 2021, la société a enregistré une perte nette de 1,12 million d’euros, suivie d’une perte de 876 000 euros en 2022 et de 2,14 millions d’euros en 2023. Au total, de 2014 à 2023, c’est 25 000 000 d’euros de subventions versées à l’aéroport, dont 8 000 000 € d’investissement du département et 17 000 000 € en contribution aux résultats.
Le CNABI s’interroge sur le bien fondé de ces investissements publics, d’autant plus que les riverains n’ont jamais été consultés et subissent quotidiennement les nuisances. En outre, aucune étude n’a été réalisée pour évaluer l’impact de l’augmentation de l’activité de l’aéroport sur l’environnement. Alors que de nombreuses activités économiques respectent des normes environnementales strictes, le propriétaire et l’exploitant semblent ne pas être soumis aux mêmes exigences. Parallèlement, l’aéroport communique sur sa gestion « écologique » et son bilan carbone, sans mentionner ses impacts concernant les nuisances sonores et environnementales de ses activités, une démarche qui peut s’apparenter à du « Greenwashing ».



Délégation de service publique DSP

La délégation de service public (DSP) en vigueur depuis 2009 arrivera à échéance le 30 juin 2026 et fait actuellement l’objet de discussions pour une reconduction de dix ans. Les prévisions initiales de cette DSP actuelle anticipaient entre 507 000 et 889 000 passagers en 2023. En réalité, seuls 243 000 passagers ont emprunté l’aéroport cette année-là, soit deux à trois fois moins que prévu. Le bilan décevant et la situation déficitaire de l’aéroport soulèvent des interrogations sur le bien fondé du versement de ces subventions. Les riverains ne devraient-ils pas être consulté sur ce sujet qui engagera le département pour les 10 prochaines années ? Peut-on considérer cette nouvelle DSP comme un non-sens économique et écologique ? Nous vous posons la question…
Nuisances
Nous, riverains de la plaine de la Bièvre, subissons quotidiennement les nuisances générées par les activités de l’aéroport Grenoble Alpes Isère, de l’ENAC, des aéroclubs et de diverses compagnies extérieures. Les survols à basse altitude se concentrent systématiquement sur les mêmes communes, avec des tours de piste incessants débutant tôt le matin et se prolongeant tard le soir. Les séances de voltige, caractérisées par des arrêts et redémarrages de moteurs, produisent un bruit sourd et constant qui résonne dans toute la plaine. Depuis 2024, ces nuisances sont en constante augmentation, au point que nous ne connaissons plus un seul jour sans perturbations. Cette fréquence élevée transforme nos vies en un véritable enfer.



Malgré nos plaintes, aucune solution immédiate n’est proposée par les responsables de ces nuisances. Les mesures envisagées à long terme, telles que le remplacement des avions de l’ENAC par des appareils moins bruyants, ne garantissent pas une diminution effective des nuisances. Pire encore, ces initiatives pourraient être annulées par la poursuite de l’augmentation des différentes activités aériennes.
Des études ont démontré les impacts négatifs des nuisances sonores aéroportuaires sur la santé humaine, notamment en termes de troubles du sommeil, de stress et de maladies cardiovasculaires. Parallèlement, notre territoire est confronté à une pénurie de médecins, rendant l’accès aux soins de plus en plus difficile. Cette situation aggrave les conséquences des nuisances sur notre santé, car il devient complexe de consulter un professionnel pour traiter les affections liées au bruit.
Il est impératif que des mesures concrètes et immédiates soient prises pour réduire ces nuisances et préserver la santé et le bien-être des habitants de la plaine de la Bièvre.
Carte des nuisances signalées
- Zones fortement impactées
- Localisation de l’aéroport
Greenwashing du secteur aérien
L’idée d’un « avion vert » est souvent mise en avant par l’industrie aéronautique pour rassurer le public sur son engagement environnemental. Cependant, plusieurs analyses récentes remettent en question la faisabilité de cette notion.
Selon une analyse de Carbone 4, les solutions technologiques envisagées, telles que les carburants alternatifs ou les avions électriques, ne permettront pas de décarboner significativement le secteur aérien à court terme. Les contraintes techniques, économiques et temporelles rendent ces innovations insuffisantes face à l’urgence climatique.
Par ailleurs, le blog Bon Pote souligne que l’aviation représente environ 2,5 % des émissions mondiales de CO₂, mais contribue à hauteur de 5 % au réchauffement climatique en raison des autres effets induits en haute altitude. De plus, une minorité de la population est responsable de la majorité des émissions liées à l’aviation : 1 % de la population mondiale génère 50 % des émissions du secteur.
En France, l’impact est encore plus prononcé. Selon le site Rester sur Terre , l’aviation contribue à 6,8 % des émissions nationales de CO₂ et à 15 % des émissions totales de gaz à effet de serre lorsqu’on inclut les effets non liés au CO₂, tels que les traînées de condensation et les cirrus induits.
Ces constats indiquent que l’aviation durable à grande échelle est une perspective lointaine. La seule solution immédiate et efficace pour réduire l’impact environnemental du transport aérien est de diminuer significativement le trafic et les activités associées.
Jean-Louis Baroux , expert reconnu du secteur aérien, souligne que malgré les efforts pour réduire la consommation de carburant et les émissions sonores, les avions actuels reposent sur une technologie émettant encore du dioxyde de carbone. Il note également que la production de carburants d’aviation durables (SAF) est largement insuffisante pour soutenir un transport aérien entièrement décarboné. Il n’y en aura pas pour tout le monde, il y aura des conflits d’usage.
De plus, des dirigeants de grandes compagnies aériennes expriment des doutes quant à la réalisation des objectifs de neutralité carbone comme l’ancien PDG de Qatar Airways qui a démissionné fin 2023, ou encore le Président d’Emirates .
Ces perspectives renforcent l’idée que la réduction du trafic aérien est actuellement la mesure la plus efficace pour limiter l’impact climatique du secteur.